Montage de notre campement et installation "chez nous"

Une fois débarquées sur "notre" île, nous avons fait la connaissance de celui qui allait être notre guide pendant les 8 jours suivants: Michka! Benoît, un autre guide, était aussi avec nous mais lui était plutôt un novice comme nous puisque c'était un guide en formation alors ce n'est pas pareil! 

Bon, même si pour moi Michka reste le nom du chien des mes grands-parents, c'est aussi un beau mec d'une trentaine d'années, guide de haute montagne l'hiver et guide au Spitzberg l'été, passionné d'aventures extrêmes. Franchement ce n'est pas quelqu'un de déplaisant, surtout que l'on s'attendait plutôt à tomber sur un ours grincheux et solitaire, d'après la description que nous en avait fait Ronan, celui qui était venu nous récupérer à l'aéroport.... Quel plaisantin celui-là! :)




Après les salutations, Michka nous expliqué une nouvelle fois toutes les consignes de sécurité et nous a à nouveau rappelé l'importance de ne JAMAIS nous séparer de notre stylo d'alerte. Ce stylo que nous devions toujours porter accroché à notre coup a une double fonction: lancer un petit
 feu d'artifice destiné à effrayer un ours blanc éventuel et aussi produire une détonation sensée     prévenir du danger les autres membres du camp
et avertir Michka afin qu'il puisse nous porter secours car lui ne devait pas quitter son fusil armé en permanence. Seules sur cette île, les consignes prennent une toute autre dimension.
Le seul endroit où Michka s'écartait
de son fusil c'est lorsque nous
mangions sous la "tente réfectoire". Mais même là, le fusil n'était jamais
bien loin!
Et quand nous partions en kayak, c'est lui qui débarquait en premier pour sécuriser les lieux afin que nous puissions débarquer à notre tour tranquillement.

Après les consignes de sécurité, nous avons visité notre campement:

Pour la 1ère "nuit", Michka avait décidé que nous dormirions dans les tentes installées face à la mer par le groupe précédent mais il nous a aussi annoncé que dès le lendemain nous devrions déménager tout le camp car selon lui, il était trop dangereux d'avoir les tentes aussi près de l'eau puisque l'ours polaire peut attaquer aussi bien par la terre que par la mer.



 En plus de nos tentes dans lesquelles nous dormions 2 par 2, nous avions aussi la "tente cantine", la seule tente pointue, que nous devions démonter le lendemain car nous en avions apporté une plus grande mais nous déciderons finalement de réaliser le montage de la plus grande pour les groupes suivants mais que nous, nous garderions cette petite tente, plus étroite mais aussi plus conviviale.


A notre arrivée sur l'île, nous avons aussi trouvé cette table et les 2 chaises devant la tente réfectoire. Ces 3 "meubles" avaient été apporté par des groupes précédents (il n'y a pas d'arbre et donc pas de bois au Spitzberg). Nous les avons bien sûr gardés mais nous les avons juste décalés pour libérer la visibilité devant la tente réfectoire et aussi pour pouvoir s'installer au calme et regarder tranquillement la mer quand nous souhaitions nous poser un peu, sans s'éloigner du regard des autres.



La partie la plus "originale" de notre campement reste tout de même... les toilettes! Etant sur une île sans eau courante ni électricité, il nous a fallu improviser un petit coin, respectant l'intimité de chacun mais pas non plus trop éloigné du reste du camp, sécurité oblige! Alors voilà: le drap blanc que vous deviner au fond de la photo, c'est le cache de nos toilettes! Nous devions prévenir quelqu'un quand nous partions au petit coin puis nous nous rendions derrière ce drap, pour nous "soulager" face à la mer, toujours en guettant une arrivée éventuelle d'un ours potentiel...
C'est vraiment un sentiment étrange!

Devant le drap blanc, vous devinez un petit drapeau bleu (un drapeau européen en fait!). Pour nous, c'était notre moyen d'indiquer aux autres que les toilettes étaient occupées: drapeau couché sur le sol = WC libres / drapeau planté dans le sol = WC occupés!
A en croire la photo, certaines ont parfois oublié de "déplanter" le drapeau après coup ;)

Après la visite du camp, nous nous sommes un peu baladées dans les alentours du camp puis nous avons passé un long moment à discuter pour faire connaissance et nous sommes allées nous coucher car nous nous sentions un peu fatiguées (voyage, nuis obscurité, chargement et déchargement du matériel, etc...). A partir de ce moment, comme il n'y a pas d'alternance jour / nuit et qu'il fait jour tout le temps, Michka nous a proposé de ranger nos montres et d'effacer les heures de nos appareils photos pour vivre uniquement au rythme de nos corps.

La 1ère nuit a été spéciale pour nous toutes car nous avons toutes été réveillées par.... la chaleur! Nous sommes plusieurs à être sorties de nos tentes au milieu de la nuit pour prendre l'air puis à nous recoucher en sous-vêtement dans nos duvets polaires... Au réveil: petit déjeuner collectif sous la tente réfectoire et premières impressions sur notre nuit polaire.
 Ensuite nous avons passe la journée à démonter nos tentes puis à les remonter plus loin, sur une butte, pour avoir une meilleure observation / surveillance du paysage.

Puis il nous a fallu trouver un emplacement assez plat et assez vaste pour montrer l'immense tente réfectoire pour les groupes suivants. Cela nous a pris quelques heures car il a fallu nettoyer le sol des pierres, monter la tente, la fixer et consolider les contours avec des gros cailloux en cas de gros coups de vent!

Sur la fin, certaines dindes ont d'ailleurs abandonné, préférant aller préparer le repas suivant... Mais qu'importe, nous y sommes arrivées sans trop d'embûches, ce qui a un peu étonné les 2 hommes du groupe... Bref!

Ensuite, il nous a fallu installer notre "garde-manger", pas trop près des tentes au cas où il attire l'ours, mais pas trop loin non plus car nous devions nous y rendre plusieurs fois par jour et nous ne pouvions pas trop nous éloigner des autres. Puis ce fut l'installation et le rangement des kayaks et enfin l'installation de nos chiens, sensés veilleur sur nous.




Voilà finalement une vue de notre camp définitif, notre "camp à nous":



Dans nos chambres, pas de placard, alors nous avons improvisé des penderies artisanales!




A la fin de la journée, nous avons trouvé le temps d'aller faire une autre balade, cette fois avec les chiens mais je vous raconterai nos randos plus tard. Au retour, nous avons eu la bonne surprise de voir des rennes traverser tranquillement notre camp. Nous étions satisfaites, le camp semblait leur plaire ;)

En route vers l'inconnu...

Une fois le bateau chargé, nous avons pris le large pour rejoindre notre île déserte, toutes à la fois excitées et un peu stressées aussi. Les 1ers moments à bord nous ont permis de visiter le bateau et surtout de faire connaissance avec l'équipage, et notamment le Cap'tain Bilgge qui était vraiment étonné de transporter 7 dindes au pays des vikings.



Je ne me souviens plus de la durée de la traversée car là encore, cela a été un moment particulier plein d'émotions: d'une part l'inquiétude face à l'inconnu, d'autre par l'excitation de l'aventure et aussi l'émerveillement face aux paysages qui s'offraient à nous au fur et à mesure de la traversée.

A l'approche de la "terre promise", l'agitation s'est emparée du bateau. Les marins nous ont donné quelques consignes en anglais pour organiser au mieux le débarquement sur l'île car comme le bateau était trop gros pour pouvoir s'approcher de la côte, il a donc fallu que l'on transfère à nouveau tout le matériel, la nourriture, les chiens et nos bagages dans un zodiac auquel on a dû aussi attacher les kayaks et tout ça....sans chavirer tant qu'à faire! 
Bon, quand on voit le gabarit du viking qui nous a dirigées lors du transfert, on se dit que l'on était bien encadrées!

Une fois à quelques mètres de l'île, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait déjà un groupe de personnes dessus mais le marin nous a expliqué que eux profiteraient de notre zodiac puis de notre bateau pour repartir vers Longyearbyen.

En fait, il s'agissait d'un groupe non UCPA venu vivre la même expérience que nous. Croiser leurs regards et leurs sourire au moment où nous sommes descendues du zodiac et que eux y montaient nous a laissé présager d'une aventure exceptionnelle...